Pour bien commencer le week-end, un poème de Neruda adressé par Jean-Pierre, cyclo-lecteur :  
ODE À LA BICYCLETTE
J’allais	    sur le chemin     crépitant :
le soleil s’égrenait     comme maïs ardent
et la terre     chaleureuse     était     un cercle infini
avec un ciel là-haut,     azur, inhabité.
Passèrent près de moi     les bicyclettes,
les uniques     insectes
de cette     minute     sèche de l’été,
discrètes,     véloces,     transparentes :
elles m’ont semblé     simples      mouvements de l’air.
Ouvriers et filles     allaient     aux usines,
livrant     leurs yeux     à l’été,
leur tête au ciel,     assis
sur les     élytres     des vertigineuses
bicyclettes     qui sifflaient     passant
ponts, rosiers, ronces
et midi.
J’ai pensé au soir, quand     les jeunes     se lavent
chantent, mangent, lèvent     un verre    de vin
en l’honneur    de l’amour     et de la vie,
et qu’à la porte     attend     la bicyclette,
immobile     parce que     son âme
n’était que de mouvement,
et, tombée là,     elle n’est pas
insecte transparent     qui parcourt     l’été,
mais     squelette   froid
qui seulement     retrouve     un corps errant
avec l’urgence     et la lumière,
c’est-à-dire     avec   la
résurrection     de chaque jour.
Pablo NERUDA
(Troisième livre des odes, trad. Jean-Francis Reille)

La musique est extraite de : 
"Canto general", musique : Mikis Theodorakis, textes : Pablo Neruda, concert du 12 juin 2004 à Poitiers par 600 choristes de la Vienne