Vociveli,
Voici un conte-utopie
Pour vous,
S’il ne vous convient point, déchirez le !
« La petite reine et le Temps hideux »
Je fais une copie aux p’tits enfants.
Allez, pendant que j’y suis :
Copie à tutti il mondo débordant,
A Dassault, Berlusconi
Roulio Essuiglace e Tino aussi
Faut évidemment pas que j’en oublie !
LECTURE DU 1er SOIR
Petite reine, dans un pays imaginaire,
En guerre.
Elle regarde la télévision
Elle regarde les informations
Elle est sage
Elle habite les beaux quartiers
Le papa est en retard, ce soir…
La maman éteindra après les nouvelles…
La maman est inquiète
Le papa ? On ne sait pas :
C’est un aquoiboniste
Il sourit toujours
On l’appelle « Doum »
Une pièce détachée de son prénom.
Aux infos : la guerre ! Une ruelle d’une cité voisine au bord de la mer…Des images cruelles…des couvertures tachées…Des personnes âgées, mal habillées, en larmes.
Elle se rappelle, il y 3 semaines, dans ce secteur…son père l’avait tenue fermement, ses yeux étaient moins brillants « Ils ne sont pas nés dans la bonne tribu…Une chaîne de fabrication bien différente ».
Mais, déjà, le présentateur à la télé, a changé de sujet, pas le temps de gamberger !
Les catastrophes ! Ooooooooooooh
Puis
Les crimes abjects !!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Et pour finir, la page « magazine » (il faut que l’écran soit propre pour le lendemain) :
Un reportage sur la circulation vélo dans les rues de Copenhague.
La maman se lève, mais ! La petite reine reste attentive, comme absorbée, happée !
Enfin, le papa est arrivé : tout se précipite.
Elles ne verront pas le prochain journal télévisé, où il sera question de guerre, encore ! (faites confiance aux marchands de canons), puis d’un séisme, d’une goutte de sang…
Ils partirent en urgence, prendre l’avion sans grand espoir de retour.
Doum emporta sa princesse, mais oublia son cher livre : « Alcools » d’Apollinaire
La maman, la belle Milla, prit son album photos et quelques habits.
Il a été question de poids à l’enregistrement, bref, Le papa laissa toutes ses économies au douanier pourri.
LECTURE DU 2ième SOIR
Moi, petite étoile de Doum, je prends cette fiction en main, car le gars farfelu qui a raconté, hier soir, ne comprend pas tout au Temps, aux sentiments, aux âmes des vents et des objets, aux regards des passants…
Un an est passé depuis notre départ précipité et…ce court métrage sur une circulation douce à vélo, a hanté toutes mes nuits.
Mes jours ? Rarement souriants…Papa avait faim, maman a froid, sa beauté se dilue dans cette bruine que nous ne connaissions pas dans notre patrie, enfin ? Dans notre sud…Nous sommes devenus transparents pour Milla, comme pour beaucoup de groupes, de cliques, de meutes, de clans…Quelques amis d’une seconde ont répondu aux regards ensoleillés de mon père. Perles.
Toujours, il fallait partir plus loin…là bas, apprendre l’italien à Venise, dormir dans des abribus à Saint Jean de Luz, en plus ! on se moquait de moi.
Maman nous suivait comme une ombre, déjà.
Aujourd’hui, nous habitons à Copenhague…un hasard…Le sourire radieux de Doum a trouvé un emploi de vendeur dans un bazar .
Ici pas de blindés pour m’écraser, par de voitures folles.
Mon Papa, c’est mon idole…il est militant vélo et son enthousiasme se transmet à tous.
Ah s’il pouvait guérir maman, ainsi ?
Vous entendrez parler bientôt de lui dans le monde entier…je suis sûr de ça.
Hier, nous avons fait la connaissance d’un grand dégingandé, un poète du poste à souder, enfin… un poète déjanté…ils ont parlé, Doum et lui, tard dans la nuit, de Rimbaud, de Verlaine, de tall-bikes…Je n’ai pas aimé sa façon de me regarder.
LECTURE DU 3ième SOIR
Je m’appelle Doum, j’ai 55ans, d’origine méditerranéenne, je vis à Copenhague depuis 20 ans.
Ce matin, en faisant du rangement dans mes papiers, j’ai trouvé un bien curieux écrit… celui là même que vous venez de lire, chers Monsieur et Madame Vocivelo.
Je me pince le bras…Je suis bien vivant.
Ma femme Milla est morte, il y a 15ans.
Je n’ai jamais eu d’enfant.
Je vis maintenant avec une brave danoise.
Elle a un garçon de 18 ans
Tous les 3, nous circulons et nous voyageons à vélo
Nous sommes accueil cyclos
Je viens d’être nommé au poste de directeur du Développement des Déplacements à Vélo Pour les Pays du Sud, organisme de l’UNESCO, exaltante fonction.
Pas toujours facile.
Mais ?????????? Qui a pu écrire cet étrange récit
Qui ?
Je ne comprends pas
Je ne comprends pas !
Je suis seul à savoir que j’ai laissé, dans ma précipitation, un recueil de poésies, sur le meuble du salon de notre maison à Benghazi.
Cette bête guerre est maintenant bien finie, les ethnies ennemies sont devenues amies.
Est-ce la voix du vélo qui a été entendue et a installé la paix.
Il serait présomptueux de ma part de l’affirmer.
Enfin !
Un an après notre exil, j’ai acheté une bonne randonneuse viking.
Pour oublier le Temps de chien, le Temps hideux, le bonTemps.
J’ai abandonné à un jeune vélorutionnaire, contre un verre de bière, « notre » bicyclette qui nous a aidés Milla et moi dans tant de galères,
Mais mais Mais MAIS
Bon sang,
Non ??? Ce n’est pas possible ?
Mais, c’est bien sûr !